Lente, lente, elle glisse
silencieuse comme un rêve
sombre sous les feuillages frissonnants.
Des longues herbes tristes la caressent.
Errance tourmentée, tour à tour lascive.
Quel deuil est le sien ?
Son eau est lourde de souvenirs.
Elle passe, indifférente aux violences et aux cris,
bienveillante en été pour les enfants joyeux et les amoureux,
complice même.
Elle console ceux qui pleurent,
elle les aide à partir.
Ô rêveuse rivière,
combien de désespérés ont fui dans tes profondeurs !
combien de plaisirs as tu offert les jours d’été !
Combien de haines as-tu éloignées ?
Combien d’absents as-tu rapprochés ?
Combien d’aimés as-tu arrachés ?
A-t-il seulement vécu ?
Rêveuse rivière, ai-je seulement rêvé ?
